Pour l'année scolaire 2015-2016, Le nombre d'étudiants à admettre en première année d'études préparatoires au diplôme d'Etat d'infirmier a été fixéà 30 844. Parmi ces élus, tous n'atteindront malheureusement pas la ligne d'arrivée. Certains prendront conscience assez vite, et c'est tant mieux, que cette profession n'est pas faite pour eux. D'autres claqueront la porte pour des motifs personnels, des opportunités autres, un changement de cap, des raisons de santé, une maternité, des problèmes financiers, un tour du monde en ballon, un retour à une vie simple dans une yourte au fond des bois...ou tout simplement pour cause de grand ras-le-bol.
Pour tous les chanceux qui finiront avec un diplôme en poche, la quête du Graal prendra parfois des allures de camp d'entraînement de marine's en partance pour l'Afghanistan. 36 mois de formations intensives, 5100 heures réparties en cours théoriques, stages pratiques et travail personnel.
Trois ans d'études et d'analyses anatomiques, cliniques, pathologiques, psychologiques, psychiatriques, sociologiques de l'être humain et par extension, du futur patient dont on aura un jour la charge. Trois années qui permettent de découvrir les formateurs, les tuteurs, l'hôpital, le travail d'équipe, les collègues, les cadres, les médecins, les patients et leurs familles. Trois années quasi militaires dans des structures hiérarchisées où l'encadrement, pourtant, fait parfois défaut. Trois années pendant lesquelles l'étudiant se transforme de plus en plus souvent en une petite abeille laborieuse capable de combler les manques d'effectifs. Trois années pour que la chrysalide se mue en papillon et devienne un soignant qualifié, compétent et efficace. Trois années riches d'enseignement sur soi et sur l'humanité mais qui, pourtant, sont considérées comme brutales et douleureuses par certains étudiants.
Une formation, Des Formateurs !
En effet, il semblerait qu'un nombre conséquent d'étudiants souffre dans les Instituts de Formation en Soins Infirmiers. C'est, en tout cas, ce que révèle une étude effectuée par la Fédération Nationale des Étudiants en Soins Infirmiers (Fnesi) effectuée en 2011 auprès d'un panel de 3 486 étudiants sur les 90 000 que compte les Ifsi de France. Les chiffres alarmants méritent que l'on s'y arrête afin de réfléchir au fonctionnement des Ifsi. Ainsi, "45 % des étudiants considèrent comme violente leur relation avec les équipes encadrantes en instituts de formation en soins infirmiers (IFSI). Le taux bondit à 85 % lorsqu’il s’agit des stages de professionnalisation dans les hôpitaux et instituts de soin". Ici, untel parle de harcèlement moral, d'idées suicidaires. Là, un autre se plaint de violence, d'humiliation, de mépris. Là encore, certains parlent d'injustice ou de favoritisme...
Dans un communiqué du Comité d'Entente des Formations Infirmières et Cadres (CEFIEC) et de l'Association Nationale des Directeurs d'Ecoles Paramédicales en date du 26 février 2015, il n'est pas question pourtant de remettre en cause le fonctionnement des Ifsi. On peut y lire que les résultats relatifs à la gouvernance des instituts de soins infirmiers sont globalement de bonne qualité. Selon eux, seul le tutorat est à améliorer et les étudiants sont simplement victimes de risques psychosociaux. Ils mettent fin prématurément à leur formation pour des motifs personnels, des raisons de santé, des problèmes financiers ou d'apprentissage.
En ce qui concerne le tutorat, la formation des tuteurs est, à mon sens, parfaitement inutile si aucun temps n'est dégagé dans les services pour que l'étudiant en bénéficie. Les compressions de personnel, les plannings anarchiques et l'épuisement des soignants ne favorisent pas les rapports tuteur/étudiant et nuisent à l'apprentissage.
Donner l'Envie d'Apprendre !
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Les promotions en Ifsi constituent une sorte de "melting pot" social constituées d'étudiants de tous âges, riches de leurs diversités socio-professionnelles. Certains possèdent déjà certaines connaissances, en particulier, les aides-soignants ou auxiliaires de puériculture qui souhaitent devenir infirmier. Les actifs en reconversion ont, quant à eux, des parcours de vie personnels et professionnelles qui évoquent expérience et maturité. Ces catégories d'étudiants ont sans doute des attentes différentes de celles des bâcheliers qui sont majoritairement jeunes et sans expérience.
Quelles sont, à ce titre, les qualités du formateur ou du tuteur ? A l'image de la ballerine, faut-il tordre son esprit à défaut de son corps et apprendre dans la douleur pour devenir un bon soignant ? Quelles sont les limites du pouvoir ?
Il est évident que la qualité première d'un formateur est la pédagogie. Les connaissances et la pratique, à elles-seules, ne suffisent pas pour transmettre un savoir. Un institut de formation de qualité repose sur des formateurs compétents. Le pédagogue fait preuve d'empathie et de charisme, il est capable de transmettre ses connaissances aux autres mais aussi d'apprendre et d'évaluer son travail.
Selon Bernard Charlot, pédagogue et chercheur en sciences de l'éducation, "ce dont a besoin l'apprenant pour se construire, et donc apprendre, c'est une relation anthropo-pédagogique" c'est à dire "une relation de proximité et de confiance dans laquelle il se sente exister en tant qu'il est au même titre que les autres de son espèce, un être humain qui a besoin d'aide et de soutien pour organiser, construire et comprendre le monde".
Pour Carl Rogers, psychologue humaniste américain, "lorsque les étudiants perçoivent qu'ils sont libres de poursuivre leurs objectifs, la plupart d'entre eux s'engagent personnellement davantage, travaillent avec plus d'acharnement. Ils font de leurs faiblesses des atouts".
Accompagner l'autre ne consiste pas à le tenir sous sa coupe mais à l'autonomiser.
Entre certaines mains, le pouvoir est une arme redoutable...
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2015/7/3/AFSH1516218A/jo
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=8&ved=0ahUKEwjs37eBkI3NAhXLIsAKHT85Ao4QFghLMAc&url=http%3A%2F%2Fwww.etre-infirmier-aujourdhui.com%2Fresources%2FTaxinomieWeb.doc&usg=AFQjCNGNDcKocZrsfaIlg1Ri4aI1sYrlWw&bvm=bv.123664746,d.ZGg&cad=rja
http://www.scienceshumaines.com/le-malaise-des-eleves-infirmiers-et-infirmieres_fr_34791.html
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiykMHi0ZPNAhWHQBoKHcDGCfMQFggdMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.cefiec.fr%2Fimages%2Fpdf%2FLA-GOUVERNANCE-DES%2520INSTITUTS-ET-L%25E2%2580%2599ENCADREMENT-EN-STAGE.pdf&usg=AFQjCNEdT7FhPPDlJeesE0pwiny0QmfRyw
www.cadredesante.com/spip/IMG/pdf/Posture_formateur.pdf